
Une pause aurait été méritée lors de notre atterrissage sur cette terre de glace que l’océan bouscule sans relâche… Une carte postale se créait à travers le hublot, représentant des reliefs désordonnés surgissant de cette nature dépeuplée. Une nature qu’on ose à peine chambouler, se comparant au chef d’orchestre d’un spectacle muet.
Notre voiture de location a été récupérée chez Sixt, situé à proximité de Keflavik où nous atterrissions. Nous avons choisi le 4×4 Nissan SUV. Ce type de véhicule est fortement conseillé pour découvrir tous les coins et recoins du pays à cette période de l’année (février pour notre part). Certaines banques proposent des réductions pour des locations de ce type. Un changement de tenue s’imposait étant donné la température et la quantité de neige. Pensez aussi aux bagages qu’il est difficile de faire rouler sur des routes enneigées, d’où l’intérêt d’utiliser la navette de l’aéroport lorsque vous n’êtes pas encore véhiculés.
Nos premières courses ont été faîtes au Nord de l’aéroport, à Reykjanesbær. Profitez de remplir vos réserves dès que vous voyez un magasin car il faut parfois rouler un moment pour trouver des commerces. Il faut savoir que la vie est chère en Islande…


Notre séjour a commencé au Blue Lagoon. L’eau de la station provient de sa centrale géothermique. Nous nous sommes baignés après le coucher du soleil. La température de l’eau varie entre 30 et 39°C. C’est très agréable, d’autant plus quand l’air est glacial! La qualité de l’eau permet de soigner certaines maladies de peau. Nous avions droit à un verre offert grâce à l’offre choisie. C’est la moins chère (mais déjà bien chère…). L’utilisation de l’après shampooing qu’ils proposent en libre service est vivement conseillé pour éviter d’abîmer les cheveux. Oui oui, il faut savoir qu’ils gèlent! Je vous conseille de vous promener autour du site, en particulier quand le soleil s’éclipse. Les roches brunâtres se réveillent jusqu’à l’extinction lumineuse totale. Lors de la baignade il faut bien respecter l’heure de la réservation, surtout pour quitter le lieu. Votre casier s’ouvrira automatiquement pour accueillir les autres visiteurs. Nous avons attendu quelques heures avant de pouvoir nous baigner. Je vous conseille donc de réserver quelques jours voir semaines à l’avance. En attendant nous avons mangé un plat préparé qui ressemblent à nos sandwichs emballés dans du plastique sauf qu’ils coutent 18€ ! Heureusement l’eau est gratuite. Enfin je crois…

Cette première nuit nous la passions à Eyrarbakki. Nous réservions nos logements au jour le jour car la météo est très aléatoire. En effet, le brouillard peut être si important que vous n’aurez plus qu’à faire demi-tour… Nous avons vu notre première aurore boréale. Discrète et rapide mais c’était tellement excitant! Nous n’étions pas les seuls à attendre son arrivée… Nous savions qu’elle allait se produire grâce aux applications installées sur nos smartphone.


Le lendemain matin nous avons visité rapidement le centre d’Eyrarbakki aux 569 habitants et sa plage. Nous partions ensuite pour Seljalandsfoss, une cascade de 65 mètres dont on peut s’approcher en s’aventurant sur son cours d’eau qui s’écoule entre deux parois de roches. Je vous conseille de prendre des vêtements imperméables et de bonnes chaussures. Se balader de roches en roches est très chouette mais quand il y a du monde, il faut vraiment faire attention aux glissades. N’hésitez pas à proposer votre aide ou à laisser passer les autres. Cette petite balade vous mènera en bas de cette cascade. Levez la tête et vous serez surpris par sa hauteur… Nous voyons au loin des rochers immenses surgissant de la mer. Le paysage est différent, étonnamment dans les tons verts malgré la neige et le manque de végétation. La couleur de l’herbe prouve une récente présence de neige. Une chouette boutique de créateurs locaux et un lieu de restauration extérieur se trouve à proximité du parking.




En continuant sur la Route 1, la route principale, vous tomberez sur Skógafoss, une autre cascade. Cette fois, c’est de l’endurance et du temps qu’il faut pour atteindre le sommet. Un rideau d’eau de 25 mètres de large, formé par les glaciers, s’effondre à plus de 60 mètres plus bas. Un arc-en-ciel quasi permanent se forme à l’endroit de la chute. Vous trouverez plusieurs panneaux expliquant la dangerosité des sites et que tout incident est à vos risques et périls si la limite est franchie.







Notre prochain arrêt était à Sólheimasandur, une plage où un avion s’est ecrasé dans les années 1970. Il n’y a pas eu de blessé mais avec le temps, les nombreux passages des touristes et les conditions climatiques les ailes se sont affaissées et la structure est devenue dangereuse. Y accéder en voiture est impossible alors nous avons opté pour le bus qui passe régulièrement pour déposer ou reprendre les visiteurs. Nous sommes restés 45 minutes sur le site. Ça vaut le détour car le paysage prend forme entre les montagnes, la mer et le sable noir, mais l’air glacial est difficilement supportable.


Arrivés à Vík í Mýrdal nous profitions des services et multiples magasins. Ce village est aussi réputé pour ces opportunités qui sont les seuls présentes dans le coin. Il l’est aussi pour être en première ligne en cas d’éruption du volcan sous glaciaire Katla. Bon, je suis sensée vous vendre l’Islande, pas l’enterrer! Si je peux me permettre le jeu de mot… Le logement était parfait. Un vrai lieu paradisiaque qui correspond à l’image de ce voyage: cosy, en bois, calme mais toujours avec cette crainte que la terre se mette à bouger (oui, quand même…).


Le jour d’après c’est à Jökulsárlón que nous nous rendions. Sur la route, il faut s’arrêter à la première avancée du Parc naturel Skaftafell. Vous quitterez la route principale pour continuer sur un petit chemin (suivre la route Svinafellsjokulsvegur). Attention, la route est très glissante et la force du vent peut déstabiliser le véhicule mais l’arrivée vaut vraiment le coup d’oeil. C’est un paysage hors du commun qui vous attend…







Jokulsarlon signifie « lagune du glacier ». Nous mangions au seul stand existant proposant des Fish and Chips. Des petits glaciers peuvent être atteints. Vous pouvez alors explorer l’immensité de cette nature protégée et surprenante. Dans les hauteurs, la neige virevolte, encerclant les montagnes. Les rayons du soleil l’accompagne en dansant et le tout fait briller ces endroits inaccessibles, narguant les hommes les plus fous qui auraient l’idée de les apprivoiser. Vous l’aurez compris, cet endroit est un royaume où la nature règne au plus haut point. La particularité de l’Islande c’est aussi le fait que sa nature doit rester telle quelle. Même cueillir une brindille n’est pas tellement acceptée dans la mentalité islandaise… Depuis la sortie du film Dangereusement vôtre, des sorties en bateau sont possibles selon les périodes. À proximité se trouve Diamond Beach. La raison de ce nom s’explique par le dépôt des débris du glacier qui sont nettoyés par le mouvement de l’eau. Ils sont alors déposés sur le sable noir et ressemblent à des diamants!
Sur le retour vers Vík í Mýrdal, le temps s’était dégradé. Une pluie de neige m’a incité à quitter ma place de conductrice et à demander à mon compagnon de prendre le relais. J’appréhende de rouler sur des routes glissantes, surtout quand il fait nuit. Rien qu’échanger nos places a été difficile. Notre voiture servait d’équipement pour éviter de tomber ! Si nous étions filmés nous serions dans le Top 10 des vidéos les plus drôles…



Une seconde nuit nous attendait à Vík í Mýrdal. Nous étions dans une ancienne ferme réaménagée. Le logement ressemblait à une grande maison familiale. Nous partagions les chaussons, la cuisine et la salle à manger dont chaque fenêtre offrait une vue et des couleurs exceptionnelles. Le petit-déjeuner était offert et un réfrigérateur permet aux voyageurs d’y laisser leurs réserves le temps d’une pause sur la route.



Nous partions ensuite au Geysir. A notre arrivée dans le parc, l’eau jaillissait déjà sous nos pieds. Des espaces, limités pour éviter toute brûlures, ont été créés pour voir l’eau souterraine bouillir par endroit. Et puis arrive ce moment. Ce moment que tout le monde attend. Celui où le sol fît trembler ses spectateurs. Celui où l’eau qui, infiltrée dans la roche brûlante pendant un moment, boue tellement qu’elle ressort de sa cavité de manière explosive. Nous vivions un vrai spectacle de géologie !


Nous continuons notre route jusqu’à Dyrholaey où un superbe point de vue s’offrait à nous. Au loin: la plage Reynisfjara et les Reynisdrangar, ces immenses stacks que nous voyions lorsque nous sommes allés voir les cascades au début du séjour. La météo rendait l’environnement lugubre, comme si nous étions en plein milieu du tournage d’un thriller !


A Reykholt, nous avons trouvé de quoi faire les courses et prendre de l’essence. Nous avions repéré un problème technique sous la voiture. Elle faisait un bruit du tonnerre. Les passants nous regardaient étrangement. Un morceau de plastique commençait à se détacher sous la voiture. Pas évident, donc, de rouler sur une masse de neige importante. Mon conjoint a essayé de réparer ce problème comme il pouvait, allongé sous la voiture, sur une serviette posée sur la glace… Sympathique comme condition de travail ! Nous voulions éviter de perdre du temps en appelant l’agence de location. Heureusement le problème était en partie réglé et nous pouvions enfin repartir. Nous apercevions une lumière vive au loin dans le ciel. Était-ce une aurore boréale? Loin de là. Il faut savoir qu’en Islande il y a des serres où poussent des fruits et légumes chauffés naturellement par le sol et par la lumière artificielle. C’était donc ça que nous apercevions! Vous vous doutez bien qu’avec le froid et le manque de luminosité les capacités de floraison sont bien différentes des nôtres…

Le lendemain nous avions réservé une séance de snorkeling dans la faille de Silfra. J’appréhendais la sensation d’oppression et le froid mais le résultat m’a fait comprendre que j’aurais eu tort de refuser une telle opportunité. Les guides et les touristes étaient français. On m’a rassuré en expliquant qu’avec la double combinaison et les palmes je flotterais sans problème. Je n’aurais pas besoin d’utiliser le peu de force que j’ai dans les bras…
Une après-midi entière est utile car il faut prévoir 1h30 de préparation pour 30 minutes de plongée et un goûter à partager avec l’équipe. Cette faille se trouve entre les plaques tectoniques eurasiennes et américaines. Ce lieu se trouve dans le superbe Parc Þingvellir. De nombreuses personnes avaient opté pour les crans sous leurs chaussures. Ça nous aurait été bien utile pour nous balader dans ce parc classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Arrivés dans les hauteurs, prenez le temps d’observer l’horizon, le circuit de l’eau et les lacs. Avant de quitter notre logement nous avons fait le test de lancer de l’eau bouillante à l’extérieur. Résultat, elle se transforme en neige!






Avant de quitter le Cercle d’Or nous avons fait une halte à Gullfoss où deux cascades s’enchaînent. Encore un beau spectacle à voir! Nous étions toujours heureux de terminer dans les boutiques de souvenirs pour nous réchauffer. Celle-ci proposait aussi des produits vraiment chouettes ! Il y a vraiment de tout dont des vêtements de la marque islandaise 66°North et des articles de décoration artisanaux.

Reykjavik se trouve à moins d’une heure de l’aéroport. Nous voulions au moins la découvrir sans nous y éterniser puisque le but de ce voyage était de nous dépayser totalement et donc d’être au plus proche de la nature. Nous y avons passé une nuit. C’était particulier de se retrouver en ville alors que les 5 jours d’avant nous étions en pleine campagne… Malgré une population beaucoup plus importante, tout le monde roule tranquillement. Avec les conditions météorologiques il n’y a de toute façon pas vraiment le choix. Il est rare d’entendre un coup de klaxon. Au loin, les chaînes de montagnes terminent leurs plongeons dans l’Océan Atlantique Nord. L’accès à notre logement était difficile avec les valises. Nous n’avons jamais rencontré la propriétaire et nous avons croisé plus d’agents d’entretien que de touristes dans l’enceinte de l’établissement. Quand nous réservons sur Airbnb nous aimons rencontrer les propriétaires pour le côté local, avoir des conseils sur les visites à faire et connaître certaines anecdotes. Je trouve que ça fait partie du voyage. Notre enregistrement a du se faire sur tablette dans le hall d’entrée. Le logement n’était pas très propre. Pourtant nous sommes loin d’être maniaques… Il se trouvait en sous-sol, caché dans le fin fond d’une rue avec comme seule vue les jambes des passants… Tous ces petits détails sont secondaires car nous restons peu de temps dans les logements lorsque nous sommes en vacances. Et puis avec la neige qui est tombée cette nuit là nous n’aurions pas pu voir d’aurores boréales. Pour le stationnement sachez que ça marche par enregistrement via les bornes installées dans les rues. Il n’existe pas de tickets. En effet, les contrôleurs ne peuvent pas les voir sous une masse de neige importante…

Dans la ville tout peut se faire à pieds. Nous avons commencé notre balade par le lac Tjörnin dans lequel de l’eau provenant des sources géothermiques y est introduite. Une partie est donc dégelée, ce qui facilite l’accès des oiseaux aquatiques.



Ensuite on est passé par le port, lieu emblématique de Reykjavik grâce à ses petites maisons colorées de pêcheurs. La plupart d’entre elles sont aujourd’hui transformées en bars ou restaurants. La ville regroupe les 2/3 des habitants du pays. Les boutiques de souvenirs s’enchaînent dans la rue Skolavordustigur qui mène à l’église à l’allure étonnante Hallgrìmskirkja. Vous repèrerez une affilade aux couleurs de l’arc-en-ciel dessinée sur le sol, création réalisée lors d’une gay pride. Nous sommes rentrés dans l’Harpa, une salle de concert à l’allure bien particulière avec ses panneaux de verres irréguliers. Au rez-de-chaussée, un superbe magasin avec en vente des objets créés en Islande. Le vendeur parlait français et me racontait qu’il était néerlandais. Ça fait longtemps qu’il habite dans la capitale islandaise et trouve ce pays magnifique.


Nous avons mangé au Lebowski Bar, un bar à l’effigie du film The Big Lebowski que mon conjoint m’a fait découvrir. Un film loufoque aux acteurs complètement déjantés ! Les burgers sont bons et la décoration est vraiment bien faite. Si vous êtes fan du film, vous trouverez surement quelques goodies à votre goût…

Nous avons testé le superbe restaurant Salka Valka dont le mur central est décoré de papier peint représentant une très belle carte du monde colorée.








Il neigeait beaucoup et le soleil se faisait de plus en plus timide. Les petites maisons colorées rendent les rues uniques avec ce climat ! Deux jours suffisent pour visiter la capitale si vous souhaitez juste flâner. Pour la deuxième journée nous avons marché jusqu’à la représentation d’un navire de guerre de viking en acier surnommé « le voyageur du soleil ».



Le soir nous dormions à Garður dans un gîte en pleine nature situé près du phare, pas loin de l’aéroport. Nous avions l’avion très tôt au matin. Nous nous retrouvions encore une fois au calme. C’était ça les vraies vacances pour nous… La circulation était compliquée pour y arriver. Sur la route toutes les lignes étaient recouvertes de neige qui tombait de plus en plus. Le logement était prévu pour 6 personnes. Nous n’étions que deux mais c’était le seul disponible dans le coin. Avec le vent et la neige c’était impossible de se balader ou de reprendre la voiture mais nous avons profité du jacuzzi extérieur pour notre dernière soirée islandaise. C’était la première fois que je courais en maillot de bain pieds nus dans la neige pour me mettre dans une eau à 39 degrés… Quel plaisir mais en même temps quelle folie… Je ne suis pas restée longtemps et j’ai terminé par observer mon conjoint par la fenêtre du gîte. Même si ses cheveux gelait, il prenait un grand plaisir à s’y baigner.
Nos réserves alimentaires se terminaient. Tout se passait tranquillement pour ces derniers moments… Jusqu’à l’arrivée d’un vent terrible qui faisait trembler les murs. J’ai passé une nuit blanche et à 3h du matin j’ai décidé de me lever pour prendre mon café dans le salon. L’endroit semblait plus calme. Je voulais profiter de ces derniers instants avant de terminer le ménage. Heureusement que je me suis levée 2h avant notre départ parce qu’une dame est venue toquer à la porte pour demander de l’aide. Affolée, elle m’expliquait que sa voiture était bloquée par la neige. Mon conjoint s’est levé pour aider la famille. Le stress commençait à monter. Je voyais qu’ils n’arrivaient pas à déblayer la neige. J’ai appelé la propriétaire et même si j’avais beaucoup de mal à comprendre « l’anglais islandais » j’ai expliqué le problème en m’excusant pour ce réveil matinal. Elle m’a fait comprendre que d’avoir beaucoup de neige était normal en Islande. Je m’attendais à ce qu’elle ne vienne pas et un moment après, nous voyant au loin par sa fenêtre, elle est arrivée avec du matériel et des membres d’une association qui aident les personnes qui se retrouvent dans cette situation. Après 1h de déblayage le travail était accompli. Pendant ce temps, le ménage se terminait et nous voilà partis déposer la voiture avant de prendre la navette en direction l’aéroport. C’était étrange de voir toutes ces personnes porter un masque. Nous connaissions la situation sur le COVID-19 en Chine mais pendant une semaine nous n’avons pas suivi les actualités. Nous n’avions évidemment pas de masques et ils n’étaient pas encore obligatoires mais quelques personnes prenaient leurs précautions et savaient déjà à quoi s’attendre… Nous nous souviendrons de ce voyage, de la chance que nous avons eu de le faire avant le confinement et la fermeture des frontières…
Timelapse créé par mon conjoint:
Nous avons écouté cette musique tout le long du séjour…